ELVIN BISHOP: Can't Even Do Wrong Right (2014)

Musicians:

Elvin Bishop (Guitar,Vocals)
Bob Welsh (Guitar, Organ
Steve Willis (Piano, Accordion)
Ed Earley (Trombone)
Ruth Davies (Bass)
Bobby Cochran (Drums)
Mickey Thomas (Vocals)
Charlie Musselwhite (Harmonica)

Titles:

01 Can't Even Do Wrong Right
02 Blues With A Feeling
03 Old School
04 Let Your Woman Have Her Way
05 No More Doggin'
06 Everybody's In The Same Boat
07 Dancin'
08 Honest I Do
09 Bo Weevil
10 Hey-Ba-Ba-Re-Bop

Elvin Bishop a donné cet été, dans le cadre du Talent International Blues Festival, le premier concert français de sa longue carrière débutée en 1963 avec Paul Butterfield.

Il est un des rares guitaristes blancs qui a approché les grands noms et les légendes du blues dans les sixties, et il a participé à de nombreuses aventures musicales qui ont laissé une forte empreinte dans la musique, il joue par exemple avec l’Allman Brothers Band sur le célèbre Live at the Fillmore de 1971 et sur l’album The Live Adventures of Mike Bloomfield and Al Kooper,

Et puis il consacré toute sa carrière solo au blues avec son groupe.

Son nouvel album Can’t Even Do Wrong Right qui sort chez Alligator Records, comprend cinq compositions originales et cinq reprises.

Charlie Musselwhite et son l’harmonica enflamment « No More Doggin » puis, et pour la quatrième fois, Elvin reprend « Honest I Do » de Jimmy Reed, ici dans une version instrumentale. Cette chanson est le premier blues qu’il a entendu à la radio ce qui explique son attachement. Dans celle-ci, il mélange le son de la musique hawaïenne avec des sonorités plus roots du southern-rock de Lynyrd Skynyrd ou des Allman Brothers.

Le cocktail prend parfaitement !

Et puis un petit Fats Domino « Bo Weevil » pour un hommage à New-Orleans, et pour terminer en beauté le vieux « Hey-Ba-Ba-Re-Bop » de Lionel Hampton.

Dans ses compositions, Bishop joue un blues classique et « Everybody's In The Same Boat » est assez représentatif de son style, qui reste très proche des origines, avec un phrasé qui est appuyé par de courts licks de guitare, puis des interventions courtes mais vigoureuses à la slide qui amènent un solo.

Son groupe est solide, avec Bob Welsh, multi-instrumentiste de qualité, Ed Earley au trombone, Steve Willis au piano, Ruth Davies à la basse et Bobby Cochran à la batterie.

Mickey Thomas, un ancien du groupe parti rejoindre Jefferson Starship, passe faire un tour pour chanter "Let Your Woman Have Her Way"… quasiment quarante après son départ, mais sa contribution est superbe, sa voix très bluesy se mariant parfaitement avec le jeu de guitare du leader.

Certes, les albums d’Elvin Bishop reviennent toujours au blues, et on peut y voir un manque d’originalité. Mais à l’heure où cette musique sombre peu à peu dans l’oubli pour ne garder que ses aspects les plus commerciaux (non ne croyez pas les étiquettes Popa Chubby : c’est de l’esbroufe et du bruit, mais pas du blues), il est indispensable que des gens comme lui maintiennent la tradition, continuent d’enregistrer des albums avec des covers et puissent se produire en concert.

Alors quand le CD se termine sur le « Hey-Ba-Ba-Re-Bop » de Lionel Hampton qui date de 1946, dans la grande tradition des formations de jazz de l’après-guerre, on se dit que tout n’est pas être pas (encore) perdu !

Michel Bertelle